Un service au bénéfice de l’environnement

Aujourd’hui, seulement 9% des jours de service civil sont consacrés à la protection de l’environnement et de la nature. Avec le service citoyen, nous pourrions mieux exploiter le potentiel du service civil dans ces domaines, écrit Marie-Claire Graf, membre de la direction d’Alliance climatique suisse et du comité d’initiative pour un service citoyen

Il n’y a pas que les pays du Sud qui font face à des dés écologiques sans précédent. Non, la Suisse également. Même s’il a neigé ces derniers jours, le nombre de jours de neige moyen diminue en Suisse. Les phénomènes météorologiques extrêmes, qu’il s’agisse de tempêtes, de fortes précipitations ou de vagues de chaleur, sont en augmentation, tout comme les eets négatifs qui en résultent, tels que les pertes de rendement dans l’agriculture, la perte de biodiversité, les décès dus à la chaleur, la précarisation sociale, la déstabilisation politique ou institutionnelle ou encore les pandémies.

L’humanité entre dans une nouvelle ère, l’anthropocène, dans laquelle l’homme est devenu l’un des principaux facteurs d’inuence sur les processus biologiques, géologiques et atmosphériques de la Terre. Les dés sont énormes, les opportunités également. Les crises du climat et de la biodiversité faisant partie des plus grands risques pour la sécurité mondiale du XXIe siècle, il est urgent et impératif de nous mobiliser pour aénuer l’intensité de ces catastrophes et nous y adapter.

Les objectifs d’une mobilisation citoyenne. Le dé climatique est d’autant plus dicile à relever que le lien de cause à eet est dicilement saisissable à l’échelle du quotidien, alors que les causes (maîtrisables) découlent précisément de notre mode de vie: nos systèmes d’énergie, de transport, de construction, d’agriculture, de consommation, d’utilisation des ressources, etc. La mobilisation milicienne sous forme d’un service citoyen peut nous unir dans l’action et libérer des forces cardinales pour faire face au dérèglement climatique, notamment sur le front civil et avec les objectifs suivants:

  • Aeindre la neutralité carbone nee dans un délai plus court, c’est-à- dire réduire les émissions (par exemple en soutenant l’agriculture démécanisée) et augmenter les puits de captation (par exemple en promouvant la végétalisation des villes et les corridors écologiques);
  • Aénuer les risques sociaux, environnementaux, logistiques, infrastructurels ou sécuritaires liés au changement climatique, notamment en adaptant et en maintenant des systèmes et des infrastructures à l’épreuve du climat (climate proof) et en développant la capacité d’action et la résilience des individus et des communautés;
  • S’armer, s’adapter et se remere des conséquences du changement climatique;
  • Coopérer, sur la base des compétences acquises et en fonction des capacités disponibles, au développement et à l’aide humanitaire à l’étranger aux mêmes ns – car le dé est mondial!

Pour y parvenir, toutes les institutions de milice – en premier lieu l’armée, la protection civile et le service civil – doivent être dotées des ressources humaines leur permeant d’accomplir leurs missions de manière optimale. De même, il est essentiel de donner à chaque citoyen les moyens d’agir (ou de réagir) à son niveau ou à celui de sa communauté locale (p. ex. quartier, commune).

S’adapter aux catastrophesL’autre front environnemental important est la lue contre l’érosion de la biodiversité qui comporte des menaces inhérentes et nécessite donc des contre- mesures spéciques (par exemple le soutien à une agriculture sans biocides). Vu l’urgence et la gravité des circonstances, la réorganisation du système de milice doit viser dès maintenant et au minimum à relever ces deux dés impératifs. C’est pourquoi le service citoyen est conçu «au bénéce de l’environnement» et de la manière la plus inclusive possible.

Aujourd’hui, seulement 9% des jours de service civil (1,7 million) sont consacrés à la protection de l’environnement et de la nature et seulement 3% à l’agriculture. Avec le service citoyen, nous pouvons mieux exploiter le potentiel du service civil dans ces domaines. Nous préparer et nous adapter en tant que société aux «catastrophes» à venir, mais aussi œuvrer aux mesures qui aénuent le changement climatique. «Le meilleur moment pour planter un arbre, c’était il y a 20 ans. Le deuxième meilleur moment est aujourd’hui», dit un proverbe chinois. Le service citoyen est un engagement concret au bénéce de la communauté et de l’environnement.

 

Marie-Claire Graf, direction Alliance climatique suisse et membre du comité d’initiative pour un service citoyen

Cette tribune a été publiée le 10 décembre 2021 dans la section opinion de le temps. Les Opinions publiées par Le Temps sont issues de personnalités qui s’expriment en leur nom propre. Elles ne représentent nullement la position du Temps.

Photo: VBS/DDPS, CC BY-NC-ND 3.0 CH